067. Comment améliorer la relation Chirurgien / Anesthésiste / Patient : remettre l’humain au centre. - How to improve the Surgeon/Anesthetist/Patient relationship: putting human back at the center

Baptiste Vallé (Bordeaux. France)

Il a été démontré qu’un travail d’équipe efficace au sein d’un bloc opératoire améliore les résultats des patients et favorise des relations plus saines entre les professionnels. Cependant, des problèmes de communication peuvent fréquemment survenir. Par conséquent, une communication efficace, une coordination relationnelle et une connaissance de l’ensemble des équipes du bloc opératoire sont considérées comme affectant la qualité du travail d’équipe dans trois phases différentes du processus de soins centrés sur le patient : préopératoire, peropératoire et postopératoire.

(1) La relation au sein de chaque dyade chirurgien-anesthésiste est peut-être l’élément le plus critique de la performance globale de l’équipe. Une relation qui fonctionne bien est propice à des soins sûrs et efficaces. Une relation dysfonctionnelle peut favoriser des conditions dangereuses et contribuer à un résultat défavorable.

(2) Au cours des 70 dernières années, la science de la sécurité des patients a évolué à travers quatre cadres organisationnels connus sous les noms de Safety-0, Safety-1, Safety-2 et Safety- 3. Leur évolution reflète la prise de conscience au fil du temps que blâmer les gens, chasser les erreurs, corriger les incidents ponctuels et réglementer ne créerait pas la sécurité souhaitée des patients. Safety-3 représente un moyen potentiel de rendre l’anesthésie et les soins périopératoires plus sûrs. (3)

Cependant , l’équation n’est pas complète car le patient n’est que très rarement pris en compte dans les travaux publiés sur les Facteurs Humains en santé. Il est même qualifié d’élément « incontrôlable » car faisant partie d’un processus vivant dont l’Homme ne maitrise pas tous les aspects , contrairement à l’aviation puisque l’avion est une machine crée par l’homme. On parle aujourd’hui d’ingénierie des facteurs humains – la science qui permet de concevoir des processus, des équipements et des environnements pour optimiser les contributions humaines à la performance – qui peut être utilisée pour améliorer la sécurité et l’efficacité de la chirurgie : ces solutions émergent non pas du secteur des soins de santé mais de diverses disciplines telles que la psychologie, le design et l’ingénierie. (4) Alors sur quels leviers humains pouvons-nous jouer pour améliorer la prise en charge des patients ? Nous développerons deux approches complémentaires et centrées sur l’humain : la prise de conscience de l’empathie et les cercles de parole amenant à la communication empathique.

L’empathie est un concept multidimensionnel qui varie selon les médecins et peut être mesuré à l’aide d’un outil psychométrique fiable. Dans les publications sur l’empathie, trois facteurs significatifs sont apparus : 1. prise de perspective, 2. soins compatissants et 3. se mettre à la place du patient pour étayer la validité de construction de l’échelle d’empathie. Les femmes obtiennent des scores plus élevés que les hommes à un degré presque significatif. En tenant compte du sexe, les psychiatres ont obtenu un score moyen d’empathie significativement plus élevé que celui des médecins spécialisés en anesthésiologie ou en chirurgie orthopédique. (5) La culture d’équipe est un préalable important aux comportements de sécurité tels que la prise de parole. Une culture de sécurité positive dans la salle d’opération est associée à une diminution des événements indésirables. La sécurité psychologique, une composante de la culture de sécurité, est la conviction que l’équipe est en sécurité pour prendre des risques, comme exprimer des inquiétudes. (6) Les gradients hiérarchiques, le manque de sécurité psychologique, l’incivilité et une culture organisationnelle non solidaire peuvent entraver les comportements de prise de parole (7). Une stratégie pour améliorer la prise de parole est la communication non violente et empathique OSBD. L’acronyme OSBD, qui signifie “Observation, Sentiment, Besoin, Demande”, incarne un processus visant à enrichir les interactions en mettant l’accent sur l’empathie, la compréhension mutuelle et le respect. L’utilisation du cercle au sens « sacré » du terme est un moyen de communication et de paix à utiliser dans tous les espaces de soins (8). Les règles sont simples. Il ne s’agit pas d’un temps de réunion mais d’un temps où chaque participant va pouvoir s’exprimer totalement. Chacun est à sa place et a une place sans gradient hiérarchique. Celui qui a le bâton de parole ne peut être interrompu par les autres qui se doivent d’être en écoute active. L’objectif est de parler avec les règles d’OSBD avec le « je » afin de venir déposer ses ressentis profonds au centre du cercle. L’idée n’est pas de trouver des solutions mais de laisser oeuvrer l’intelligence collective. Cette technique nécessite la formation de gardien de cercle , garantissant le bon respect des règles et de la sécurité du moment.

L’avenir de l’amélioration de la communication entre les équipes et le patient peut passer par la création de cercles dans lesquels le patient est invité à redevenir acteur de sa santé et dont la parole a le même poids que celui des professionnels de santé qui sont à son service.

Effective teamwork in the operating room has been shown to improve patient outcomes and promote healthier relationships among professionals. However, communication problems can frequently arise. Therefore, effective communication, relational coordination, and team situational awareness are considered to affect the quality of teamwork in three different phases of the patient-centered care process: preoperative, intraoperative, and postoperative.(1) The relationship within each surgeon-anesthesiologist dyad is perhaps the most critical element of the team’s overall performance. A well-functioning relationship is conducive to safe and effective care. A dysfunctional relationship can foster unsafe conditions and contribute to an unfavorable outcome.(2) Over the past 70 years, the science of patient safety has evolved through four organizational frameworks known as Safety-0, Safety-1, Safety-2, and Safety-3. Their evolution reflects the realization over time that blaming people, chasing errors, correcting single incidents, and regulating would not create the desired patient safety. Safety-3 represents a potential way to make anesthesia and perioperative care safer.(3) However, the equation is not complete because the patient is very rarely taken into account in published works on Human Factors in health. It is even described as an « uncontrollable » element because it is part of a living process of which Man does not control all the aspects, unlike aviation since the plane is a machine created by man. Today we are talking about human factors engineering – the science that allows us to design processes, equipment and environments to optimize human contributions to performance – which can be used to improve the safety and efficiency of surgery: these solutions emerge not from the health care sector but from various disciplines such as psychology, design and engineering. (4) So what human levers can we use to improve patient care? We will develop two complementary approaches: awareness of empathy and talking circles leading to empathic communication.

Empathy is a multidimensional concept that varies among physicians and can be measured using a reliable psychometric tool. In the literature on empathy, three significant factors have emerged: 1. perspective taking, 2. compassionate care, and 3. putting oneself in the patient’s shoes to support the construct validity of the empathy scale. Women score higher than men to an almost significant degree. When controlling for gender, psychiatrists scored significantly higher on average than physicians specializing in anesthesiology or orthopedic surgery.(5). Team culture is an important prerequisite for safety behaviors such as speaking up. A positive safety culture in the operating room is associated with fewer adverse events. Psychological safety, a component of safety culture, is the belief that the team is safe to take risks, such as expressing concerns. (6) Hierarchical gradients, lack of psychological safety, incivility, and a non-supportive organizational culture can hinder speaking up behaviors (7). One strategy to improve speaking up is nonviolent and empathic communication OFNA. The acronym OFNA, which stands for “Observe, Feel, Need, Ask,” embodies a process aimed at enriching interactions by emphasizing empathy, mutual understanding, and respect. The use of the circle in the « sacred » sense of the term is a means of communication and peace to be used in all care spaces (8). The rules are simple. It is not a meeting time but a time when each participant will be able to express themselves fully. Everyone is in their place and has a place without hierarchical gradient. The one who has the talking stick cannot be interrupted by the others who must be in active listening. The objective is to speak with the rules of OFNA with the « I » in order to come and deposit your deep feelings in the center of the circle. The idea is not to find solutions but to let collective intelligence work. This technique requires the training of a circle guardian, guaranteeing proper respect for the rules and the safety of the moment. The future of improving communication between teams and the patient may involve the creation of circles in which the patient is invited to become an actor in their health again and whose words have the same weight as those of the health professionals who are at their service.

(1) Misseri G, Cortegiani A, Gregoretti C. How to communicate between surgeon and intensivist? Curr
Opin Anaesthesiol. 2020 Apr;33(2):170-176. doi: 10.1097/ACO.0000000000000808. PMID: 31714271.
(2) Cooper JB. Critical Role of the Surgeon-Anesthesiologist Relationship for Patient Safety.
Anesthesiology. 2018 Sep;129(3):402-405. doi: 10.1097/ALN.0000000000002324. PMID: 30045093.
(3) Kanjia MK, Kurth CD, Hyman D, Williams E, Varughese A. Perspectives on Anesthesia and
Perioperative Patient Safety: Past, Present, and Future. Anesthesiology. 2024 Nov 1;141(5):835-848. doi:
10.1097/ALN.0000000000005164. PMID: 39377708.
(4) Fermin L, Lobaugh L, Parr KG, Currie M. The role of human factors engineering in patient safety.
Curr Opin Anaesthesiol. 2024 Dec 1;37(6):683-688. doi: 10.1097/ACO.0000000000001437. Epub 2024 Oct 18.
PMID: 39422719.
(5) Hojat M, Gonnella JS, Nasca TJ, Mangione S, Vergare M, Magee M. Physician empathy: definition,
components, measurement, and relationship to gender and specialty. Am J Psychiatry. 2002 Sep;159(9):1563-9.
doi: 10.1176/appi.ajp.159.9.1563. PMID: 12202278.
(6) Wright MI, Kernen K, Kouevi D. The Art of Speaking Up: Supporting a Culture of Safety in the OR.
AORN J. 2024 Sep;120(3):134-142. doi: 10.1002/aorn.14202. PMID: 39189845.
(7) Marshall SD, Touzell A. Human factors and the safety of surgical and anaesthetic care. Anaesthesia.
2020 Jan;75 Suppl 1:e34-e38. doi: 10.1111/anae.14830. PMID: 31903583.
(8) Kelley M, Lowe J, Greywolf C, Wimbish-Tompkins R, Menon U. A Cultural-Based approach to address
substance use among urban Native American young adults. J Community Psychol. 2023 Sep;51(7):2581-2591.
doi: 10.1002/jcop.23044. Epub 2023 Apr 7. PMID: 37027390; PMCID: PMC10859361.

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