Guillaume DEMEY, Hamza BETMI, David DEJOUR
(Lyon, France)
La pente tibiale postérieure excessive est le facteur intrinsèque de rupture du ligament croisé antérieur (LCA) et d’échec de ligamentoplastie. Elle est responsable d’une translation tibiale antérieure statique augmentant la contrainte sur la greffe et le risque d’échec biologique. Le seuil pathologique est de 5mm. La translation n’est pas diminuée par les plasties antérolatérales.
La technique de mesure référence dans la littérature utilise l’axe anatomique proximal du tibia sur une radiographie de profil strict du genou en appuis monopodal. Une valeur de pente supérieure à 10° est considérée comme anormale surtout en présence d’une translation tibiale augmentée. Dans ce cas, il faut considérer une correction de la pente en cas de chirurgie de reprise ou rarement en première intention. Lors d’une correction de la pente, la valeur cible est située entre 4 et 6° afin de normaliser la translation tibiale antérieure statique. La chirurgie peut être réalisée en sus-, trans- ou infra-tubérositaire. L’ostéotomie sus-tubérositaire a largement notre préférence pour plusieurs raisons : Elle permet de corriger l’anatomie du tibia proximal à l’endroit précis de la déformation métaphysaire L’ostéotomie est réalisée en os purement spongieux permettant une consolidation en 3 semaines dans 100% des cas. La fixation par deux agrafes est suffisante.
La charnière haute et large permet d’éviter tout effet varisant ou valgisant de l’ostéotomie Son effet sur la fémoro-patellaire est cliniquement nul. Le taux de douleur antérieure ou d’ablation de matériel secondaire est très faible. La chirurgie débute par le prélèvement de la greffe et le temps arthroscopique avec traitement des éventuelles lésions méniscales et la réalisation des tunnels. L’ostéotomie de correction de pente sus-tubérositaire est ensuite réalisée sous contrôle scopique. La bonne correction de la pente est mesurée en peropératoire et l’ostéotomie est fixée par deux agrafes. La greffe est ensuite passée et fixée. Les suites post-opératoires sont adaptées à ce geste avec une période sans appui de 3 semaines. La reprise d’appui est autorisée entre 3 et 6 semaines. Après 6 semaines, le protocole habituel de rééducation après reconstruction du LCA est poursuivi sans modification des consignes. Les résultats dans la littérature montrent une efficacité redoutable de ces ostéotomies avec un taux de re-rupture quasi nul et un taux de complication très faible.