10- Reprise fémorale à minima : comment évaluer le cône Morse pour implanter une nouvelle tête fémorale, et faut-il changer le couple de frottement - Evaluation of the Morse taper during revision without stem change; and how to manage the bearing surfaces?

Ph. Hernigou (Créteil)


Lors d’une reprise de prothèse de hanche, l’opérateur peut décider soit de conserver le même couple de frottement que celui qui avait été utilisé précédemment, soit de changer le couple de frottement. Dans un certain nombre de circonstances, l’opérateur est obligé de changer le couple de frottement : il peut s’agir par exemple d’une reprise d’une prothèse de hanche avec une tête en zircone ; il peut s’agit d’un couple métal/métal avec une métallose importante. Dans d’autres circonstances, le choix du couple de frottement sera dicté par des impératifs liés à la complication précédente : par exemple lors d’une fracture de tête en céramique, l’opérateur devra éviter si possible une tête métallique classique et devoir avec recours préférentiellement à un couple dur/dur évitant le métal : utilisation d’un couple céramique/céramique, l’utilisation d’une tête en oxinium céramisé… Dans d’autres circonstances, l’âge du patient, le choix d’un nouveau type de cotyle (double mobilité, cotyle rétentif) en raison de la prévention des luxations amène aussi à discuter ou à modifier le couple de frottement.
Lorsque la tête fémorale est en zircone, la reprise pour prothèse de hanche est habituellement le plus souvent en rapport avec une ostéolyse péri-prothétique plus ou moins associée à une usure du polyéthylène. L’attitude systématique dans ces circonstances a été de changer de tête fémorale systématiquement ; l’intervention a consisté en l’ablation de la tête en zircone qui a été remplacée, suivant l’âge des patients et l’état du cône morse, soit par une tête fémorale en céramique, soit par une tête fémorale en métal. Dans l’immense majorité des cas, il n’y a pas eu de changement de la pièce fémorale, même lorsqu’il existait une ostéolyse fémorale supérieure. L’examen du cône morse après ablation des têtes en zircone a montré que le cône morse reste habituellement parfaitement intact (bien entendu en l’absence de fracture de la zircone), et qu’il était possible de réimplanter une tête en alumine sur le cône morse. Bien entendu, la réimplantation d’une tête en alumine sur un ancien cône morse ayant déjà reçu une tête en zircone suppose de respecter préférentiellement certaines règles, c’est-à-dire : éviter un col long, éviter une tête de 28 mm et préférer une tête de 32 mm si possible. Aucune fracture de tête en alumine après changement d’une tête en zircone pour une tête en alumine n’a été observée. Lorsque le cône morse n’est pas parfait, lorsqu’on désire utiliser une tête 28 ou 22 mm, lorsqu’on est amené à utiliser un col long, il est sans doute préférable d’implanter soit une tête en métal, soit éventuellement une tête en oxinium, ces deux derniers matériaux ne présentant pas le risque de fracture.
– Lorsque la tête en alumine est opposée à un cotyle en céramique, en l’absence de fracture de l’alumine du cotyle ou de la tête fémorale, la reprise est habituellement motivée pour un descellement cotyloïdien ou pour une métallose en rapport avec un conflit entre le métal back et le col fémoral. Dans ces conditions, la tête fémorale peut être conservée avec éventuellement mise en place d’un nouveau couple alumine-alumine ou à l’inverse être opposée à un cotyle en polyéthylène. Lorsque l’opérateur décide d’enlever la tête en alumine, les mêmes précautions que celles qui ont été décrites précédemment s’imposent : vérification du cône morse et mise en place d’une nouvelle tête, soit en céramique, soit en métal ou en oxinium en fonction des données.

Ce sont toutes ces circonstances un peu inhabituelles mais qui se voient avec une fréquence en augmentation que cette communication se propose de discuter.

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